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L’Afrique trompée

Cinquante après les prétendues indépendances  de la plupart de nos Etats (je dis prétendues et non pas soi-diasnt, vous savez pourquoi), l’Afrique n’a toujours pas  droit au chapitre. Elle n’est pas là où se décide le sort du monde G8, G20, etc. Aux Nations unies, elle n’a pas de droit de véto. Sa voix ne compte donc pas. Après un demi-siècle d’indépendance, je me repose cette question chère au Pr Joseph KI-ZERBO : A quand l’Afrique ?

Sans être afro-pessimiste, le présent n’est guère très reluisant et cela se voit comme le nez sur le visage : le chômage des jeunes est endémique dans la plupart de nos Etats africains et explique en partie ce que les analystes politiques ont poétiquement appélés : le « printemps arabe » ; la souveraineté et/ou la sécurité alimentaire est loin d’être une réalité malgré des concepts plus séduisants les uns que les autres. Je pense notamment aux 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens) ; à la GOANA (grande offensive pour l’agriculture et la nourriture en abondance), etc. Pourtant ce n’est pas faute de ressources car le continent noir concentre l’essentiel des richesses mondiales : manganèse, uranium, or noir, or blanc, or bleu, or jaune, diamant et j’en passe.  L’éducation base sans laquelle tout développement est une chimère n’a pas de budget conséquent.

Depuis le dicours de la Baule d’un certains François Mittérand, les pères de nos indépendances ont, à leur corps défendant, troqué leurs uniformes de militaires  contre des tenues civiles de démocrates. Mais après trois décennies de démocratie, le constat est amer. Eh ! oui, la démocratie semble avoir apporté plus de problèmes que de solutions aux peuples africains. Que de gens sont pour morts pour cette démocratie, que de familles divisées, de peuples martyrisés  en son nom : Hutus/Tutsis ; le fameux concept du « et/ou » en Côte d’Ivoire ! Oui  trop de guerres, trop de violences sur mon continent au nom de la démocratie dont on n’est même pas sûr qu’elle soit le meilleur des systèmes car comme disent les philosophes : toute philosophie n’est que fille de son temps. Demain, on inventera certainement  un autre système de gestion des hommes et on regrettera tous ces miliers voire ces millions d’hommes tués sur notre chère Afrique au non de ce système démocratique qui serait devenu obsolète. On se sera entretuer, pardon on nous aura fait nous entretuer (mais ça revient au même) pour rien. Qui aura encore été le dindon de la farce ? Nous, encore et toujours !

Alors, je m’en vais demander aux Africains que nous sommes de nous fixer nous-mêmes des « red lines » (lignes rouges, pour les francophones qui ne connaissent pas un traitre mot de l’anglais et que j’envie car ils ne se sont pas laissés colonisés deux fois) à ne jamais franchir peu importe ce qui nous oppose. Voilà, je nourris le rêve que jamais un Rwandais ne "machette" un autre Rwandais, que jamais un Lybien ou un Ivoirien  n’accepte être armé contre un autre Lybien ou un autre Ivoirien. Bref qu’un Africain ne prenne jamais les armes contre un autre Africain et quelqu’en soit la raison. Nous ne fabriquons pas d’armes, d’où viennent donc toutes ces ADM (armes de destruction massive) que nous utilisons  pour nous massacrer ? A qui cela profite ? Pourquoi on nous les fournit ?

Nos ancêtres étaient sages, eux qui résolvaient leurs problèmes sous l’arbre à palabre (ce qui est peut-être devenu l’Assemblée nationale de nos jours) et ne se machetaient point. Qu’on soit de formations politiques,  syndicales, ou associatives différentes, j’ose croire que nous aimons tous nos Etats. Donc nous ne sommes pas ennemis; peut-être adversaires. On doit alors pouvoir s’affronter arguments contre arguments dans le respect de l’autre et avoir un « code d’honneur ». Et quand l’intérêt supérieur de la Nation l’exige, nous devons être capables de faire des compromis mais pas des compromissions. La force de l’argument doit triompher plutôt que l’argument de la force. Gandhi disait à cet effet que répondre à la violence par la violence ne fait qu’ajouter la somme des violences. Les textes sacrés nous enseignent que qui frappe par l’épée périra par l’épée ; pensez aussi au pasteur King avec sa doctrine de la non-violence.

Encore une fois, prenons le temps de nous parler, d’échanger autour de nos problèmes et nous leur trouverons les solutions idoines. Mais soyons seulement patients et donnons effectivement une chance au dialogue social  car comme dit l’adage Rome ne s’est pas construit un seul jour. Dans le même ordre d’idée, Thomas SANKARA disait : « Nous devons préférez faire un pas avec le peuple que de faire dix pas sans le peuple ». En effet, rien ne sert donc courir, il faut arriver à point. Observez  ces Occidentaux qui nous arment les uns contre les autres, quelque soit le problème qu’ils ont entre eux, ils en discutent, s’affrontent sérieusement dans leur assemblée nationale, sur les plateaux télé, par presse interposée mais jamais de coups d’Etat, de rébellions, etc. Regardez en Belgique le différend qui oppose les Flamands et les Wallons. Ils ont même fait des mois sans gouvernement. Vous vous imaginez un pays sans gouvernement pendant des mois ! C’est dire donc que le problème est sérieux. Mais jamais un Flamand n’a "machété" un Wallon, ni un Wallon prendre les armes contre un Flamand. Pourquoi ? Ils sont tous Belges. Ils s’affrontent mais cet affrontement reste et restera toujours verbal. Une belle leçon pour nous autres Nègres ! La force brutale et aveugle, je veux dire la violence, ne résoud pas les problèmes. En tout cas, elle ne les résoud pas de façon définitive.

L’Occident a compris, et l’Afrique doit comprendre : au commencement était le Verbe, et c’est le Verbe qui sauvera l’humanité. Aux maux que nous vivons, nous devons opposer les mots (sans jeu de mot) pour que se taisent à jamais les armes et qu’enfin l’Afrique, notre cher continent puissent amorcer un vrai développement et occuper la place qu’elle aurait dû occuper depuis dans le concert des Nations. Oui au dialogue social et au débat démocratique. A. L. K.

 

Tag(s) : #Actualité
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