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Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma
Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma
Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma
Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma

Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma

Lucien HUMBERT

Il est des hommes et des femmes d’ici ou d’ailleurs (écrivains, cinéastes, comédiens, critiques, mécènes, promoteurs culturels, directeurs de festivals, etc.) qui, sans tambours ni trompettes, contribuent (c’est si peu de le dire) à travers leurs œuvres, leurs projets à la promotion du riche patrimoine culturel burkinabè et africain. Cette nouvelle tribune (dans le blog) leur est modestement dédiée.     

Dans le présent billet, nous (re ?)découvrons un amoureux du Burkina Faso et de sa culture. Quand il s’agit de parler des expressions culturelles et artistiques burkinabè (arts plastiques, arts du spectacle, littérature, etc.) le locataire de la superbe villa Yiri Suma, en plein cœur de Ouaga, s’enthousiasme d’un enthousiasme contagieux.

Il est de tous les rendez-vous culturels nationaux (SNC, Récréatrales, Institut Goethe, FITMO, FITD, etc.) C’est justement lors de l’hommage à Aristide Tarnagda, GPLAN 2017 et par ailleurs directeur des Récréatrales, que nous avons fait sa connaissance par le truchement de Alcény Barry. Il analyse, débat, fait et partage ses observations.

Nous l’avons rencontré dans sa belle résidence, belle de ces tableaux d’arts qui tapissent les murs, de ces objets d’arts qui se fondent harmonieusement dans le décor de la villa et lui confèrent un charme singulier. Il a bien voulu se découvrir. Alors, qui est Lucien Humbert ?

Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma
Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma
Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma
Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma

Lucien Humbert; Tableaux et objets d'arts exposés à la villa Yiri Suma

Adamou L. KANTAGBA : Vous avez déposé vos valises à Ouaga depuis 2008. Qu’est-ce qui a prévalu au choix de la capitale burkinabè ?

Lucien Humbert : J’avais acheté cette villa de Koulouba en très mauvais état, fin 1993, à la fin de mon premier séjour au Burkina Faso où j’avais dirigé un Programme d’Appui de la Micro finance pour l’Afrique Francophone, porté par la Coopération Française.

J’étais revenu à Ouagadougou en 1999, comme responsable du Secteur Rural et Directeur Adjoint de l’Agence Française de Développement, jusqu’en 2003.

Sur ce parcours, j’ai adopté un jeune Malien de Ouagadougou, qui s’est marié avec une jeune Malienne. Ils m’ont donné deux petits enfants qui vivent avec moi dans cette Villa Yiri Suma.

Je suis tombé amoureux de presque tous les pays où j’ai servi, en résidence ou depuis le Siège à Paris (le Niger, la Guinée, l’Afrique du Sud…), mais ici j’ai eu des fondements de vie « familiale » plus propres à un enracinement social.

 A. L. K. : Une dizaine d’années après votre installation, choisiriez-vous toujours la destination Burkina Faso si c’était à refaire ?

L. H. : Imaginer que ce ne soit pas le cas relèverait de la fiction pure, qui n’a pas beaucoup de sens quand il s’agit de ma vie.

Personnellement j’aime rêver les rêves que je réalise dans ma vie…. Change –t-on de vie pour changer de défi ? d’enjeu ?  Comment alors s’épanouir en restant soi, sans inventer ses réponses ? Ce n’est pas ça, « se réaliser » ?

A. L. K. : Vous êtes amateur d’arts avec une inclination particulière pour les arts plastiques. Pourquoi les arts plastiques ?

L. H. : Lors de mon premier séjour au Burkina j’étais dans ma phase « collectionneur d’objets d’Arts Traditionnels Africains », porte d’entrée classique dans une approche de l’Afrique par un Occidental….

Lors de mon deuxième séjour, j’ai produit un des premiers catalogues d’artistes plasticiens de Ouagadougou : un catalogue de 20 ateliers d’artistes plasticiens de la place à faire découvrir pendant le FESPACO 2001.

Mais, vous savez, j’ai eu un maître de Kora, en Guinée, puis à Ouagadougou en 1991 (Le grand musicien et féticheur Konongba TRAORE, qui avait dirigé le Théâtre Populaire…-j’espère qu’il a oublié l’élève peu doué que je fus…). Cela ne veut pas dire que je sais en jouer vraiment, comme je n’ai jamais su « parler » une langue africaine, alors que j’ai bafouillé du woolof, du peuhl, du bamanan, que j’ai suivi des cours de zulu.

C’est une façon de dire que ma curiosité culturelle n’est pas limitée à la « carte de visite » de la Villa Yiri Suma.

D’ailleurs la cour de Yiri Suma est connue de ses habitués non seulement pour ses expositions d’arts plastiques contemporains dont les vernissages peuvent donner lieu à une création chorégraphique ou à une création poétique, mais aussi à des lectures de poésies (lectures à deux voix – arabe classique et français- de poèmes de Mahmoud DARWICH…), à des débats (présentation du livre de Mahamadé SAVADOGO sur La Théorie de la création ; Les Neurosciences et les Intelligences Artificielles …).

Je suis un grand amateur du Théâtre burkinabè…des Récréâtrales, encore plus que du cinéma ou de la musique burkinabè….

A. L. K. : Quelle différence y a-t-il entre être un amateur d’arts à Ouaga ou à Paris ?

L. H. : Je répondrais en glissant sur la spécificité de la question sur les Arts, en disant que la différence entre être ici ou à Paris c’est d’être, ici, en plus grande proximité et accessibilité aux personnes que sont les artistes, les gens que l’on peut rencontrer…. Il est facile d’entrer en contact avec la personne dont le jeu théâtral vous a soulevé, dont le livre vous a ému

Ouaga est une capitale encore très « humaine » dans ses rapports aux autres.

A. L. K. : Dans une interview que vous avez accordée à Sasha Gankin, décembre 2017, vous disiez que c’était une chance pour les artistes plasticiens burkinabè de ne pas être formatés par des codes néocoloniaux occidentaux. Pouvez-vous développer un peu plus ?

L. H. : Je me rends compte que ça fait un peu « court »…

Le problème des artistes plasticiens du Burkina, gravement essentiel, est le manque d’écoles artistiques, de critiques d’arts, pire, l’absence d’intérêt de la société burkinabè dans son ensemble pour les Arts contemporains (sans donner pour autant du sens à des « arts » traditionnels autres que la musique, la danse), l’absence de référentiels organisés (photos, réserves d’œuvres visibles….).

A-t-on une idée partagée socialement, administrativement et professionnellement, de ce qui se fait à Dakar, à Johannesburg, à Douala, à Cotonou, dans les rues, dans les musées, dans les galeries…à New-York, à Haïti, à Paris…où une Afrique règne parfois sur les évènements artistiques…

…une sorte de schizophrénie qui va parfois jusqu’à « rejeter » toute référence « extérieure » alors qu’on court derrière les financements et les scènes étrangères, les clientèles étrangères….et que si peu est fait pour cultiver des racines culturelles au service de la création du futur… On ne peut pas avancer, et avancer vite, en ne regardant que dans un rétroviseur.

Le côté « positif » de cette faiblesse, est une relative liberté vis-à-vis « d’écoles », de tendances…mais cela ne signifie pas que les artistes burkinabè ne sont pas les captifs de ce qu’ils comprennent être les « attentes » du marché. Lequel ? le marché local ? le marché des expatriés en tant que souvenirs d’Afrique ? en tant qu’œuvres d’arts ?

…pour les artistes qui ont leur réseau à l’étranger : les « incitations » interprétées à l’aune des succès commerciaux…

…pour les plus jeunes, l’idée qu’ils se font de l’eldorado étranger au travers du succès fantasmé des aînés.

A. L. K. : Un dernier mot pour la route ?

L. H. : Je me demande si la question de rencontres interculturelles qui est à la base de toute dynamique de création ne se pose pas, même entre Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, avec là aussi ses frontières de clans, comme au sein de Bobo, au sein de Ouaga…..loin des yeux du monde.

Et malgré cela, il y a une tolérance et une richesse relationnelles ici.

Ces débats très vivants…notre rencontre encore….c’est tout l’intérêt d’être ici, simplement.

 

Tag(s) : #Sept questions à..., #Société
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