Les défis de l'entrepreneuriat culturel au Burkina Faso II

4. Difficultés/Spécificités des entreprises culturelles

En regardant autour de nous, le constant général est qu’il n’est pas facile d’être un entrepreneur dans le secteur de la culture alors même que la création a besoin d’entrepreneur ! Même si les choses évoluent pour les acteurs publics et privés, il n’est pas toujours naturel de rapprocher culture et économie.

4.1. Le financement

Les entrepreneurs culturels sont peu compris et mal accompagnés par les acteurs traditionnels qui entourent les créateurs d’entreprises. Sur le plan financier, c’est très frappant. Cela rend compliqué le lancement d’activités et freine considérablement les logiques de développement. Les questions de financement sont un problème récurrent des entrepreneurs du secteur ; le système de crédit n’intègre pas nécessairement les spécificités des entreprises culturelles, notamment sur la durée du crédit qui peut constituer un problème majeur pour les entreprises culturelles dans la mesure où la durée d’exploitation du projet peut être relativement long (cinéma).

4.2. La formation et l’esprit d’entreprise 

La plupart des acteurs du secteur de la culture se considèrent bien comme chefs d’entreprise mais ne maîtrisent pas toujours les rouages de la structuration entrepreneuriale. Ils sont ultra motivés par leur projet, ils sont moins branchés business, ils sont globalement moins diplômés ou moins formés sur la gestion, ne sont pas issus des écoles de commerce… Leur modèle de structuration est autre, il provient le plus souvent du monde associatif, avec des valeurs fortes sur l’innovation sociale, le sens, l’intérêt général, etc.

4.3. La structuration et la dimension économique 

« Les CCI connaissent l’agriculture, l’industrie, les services, mais sont souvent démunies quand on leur parle d’entreprises dans le secteur de la culture. Tout simplement parce que le premier réflexe est de considérer la culture comme relevant de l’associatif, du subventionnement et/ou de l’assistanat. La culture a besoin de sortir de cette spirale antiéconomique. S’organiser, se structurer, c’est aussi formaliser une force de négociation, une capacité de lobbying, pour se faire reconnaître comme des agents économiques à part entière» Steven Hearn, Consultant culturel

5. Quelles alternatives pour l’entrepreneuriat culturel ?

Il faut travailler à promouvoir l’émergence d’une vision économique de la culture, le développement des entreprises culturelles. À ce niveau, les structures d’appui, la Maison de l’entreprise par exemple pourrait, de concert avec les autres acteurs (le MCT notamment) et ses partenaires : organiser des rencontres de sensibilisation à l’endroit des acteurs du secteur culturel sur l’esprit d’entreprise, la nécessité de se formaliser, les statuts juridiques des entreprises (leurs avantages et leurs limites), etc.

En outre, il pourrait être initié davantage des projets et des partenariats dédiés à l’entreprenariat culturel ; organiser les JEB autour d’un thème relatif à l’entreprenariat culturel et pourquoi pas des prix spécifiques pour les entrepreneurs culturels ou même une journée de l’Entreprenariat culturel à part entière ou encore une année dédiée, etc. ; Développer des services spécifiques, des modules de formation notamment sur le management des entreprises culturelles.

Par ailleurs, les acteurs culturels devraient travailler davantage, en véritables entrepreneurs, à améliorer la qualité des produits, accroître leur compétitivité, promouvoir la coopération entre entreprises, mais aussi et surtout la quête de l’excellence voire de la perfection dans la production des biens et services.

Au titre des services financiers, il convient de développer un système d’appui qui allie les impératifs de rentabilité du système bancaire et financier et les spécificités du secteur de la culture, notamment des crédits importants et à longs termes car la production des œuvres culturelles coûte en général très chère alors que leur exploitation s’inscrit dans la durée.

Conclusion

On peut dire qu’il existe au Burkina Faso, une multitude de structures d’appui aux entreprises de façon générale mais très peu de services spécifiques sont développés à l’endroit des entreprises culturelles. Elles sont tenues de fonctionner dans cet environnement global en tenant compte des contraintes qui sont les leurs. Les choses ne sont pas non plus simples financièrement, ce qui obliger les entrepreneurs culturels à avoir une vision à court terme, projet par projet, et limite leurs capacités à se projeter. Investir dans les entreprises culturelles contribuer certainement à assurer le dynamisme d’une économie puissante et durable. Le caractère innovant des créateurs et l’important patrimoine constituent indéniablement une offre culturelle riche dont le Burkina peut profiter pour peu qu’elle accompagne la vitalité des entreprises culturelles.

BIBLIOGRAPHIE

BAYALA Boubié Gérard, « Culture burkinabè : un partenariat public-privé pour dynamiser le secteur », in La filière musicale en Afrique de l’ouest ; Fiche A7 : création et développement d’une entreprise ; Culture et Développement.

Ministère de la Culture et du Tourisme, Rapport de l’étude de faisabilité d’un mécanisme de financement et d’appui technique aux entreprises culturelles au Burkina Faso, 2012.

- Politique nationale de la culture, 2008.

- Répertoire des entreprises culturelles du Burkina Faso. 

Organisation internationale de la Francophonie, Profil culturel des pays du sud, membres de la Francophonie : Un aperçu de trois pays de l’UEMOA (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal).

SEDECO, CEDRES, Numéro spécial, 2012.

WEBOGRAPHIE

Politiques et industries culturelles au Burkina, un programme pour dynamiser le secteur ; Burkinapmepmi.com

Site de la MEBF : www.me.bf 

Appel à candidature : formation des entrepreneurs des industries culturelles et créatives au Burkina Faso, AFRICALIA