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REPENSER LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE : PLAIDOYER POUR UNE APPROCHE HOLISTIQUE I
REPENSER LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE : PLAIDOYER POUR UNE APPROCHE HOLISTIQUE I
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REPENSER LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE : PLAIDOYER POUR UNE APPROCHE HOLISTIQUE I

Plus d’un demi-siècle après les soleils des indépendances caractérisé par l’échec des modèles économiques imposés, l’heure n’est-il pas venue pour l’Afrique d’oser des réponses innovantes avec un ancrage culturel et spirituel à la question de son développement ? C’est autour de cette problématique très actuelle d’interrogation sur l’avenir du continent, marqué par exemple par le débat sur le franc CFA, que le Centre de recherche en éducation, culture et arts, Educ Afrique, a invité à re-fléchir à la faveur de sa troisième « Palabre » de l’année 2017, le samedi 27 mai à l’Institut Goethe/Ouaga. Le conférencier, Docteur Kassoum, maitre-assistant en économie à l’Université Ouaga 2 propose justement de repenser le développement en Afrique. Nous vous proposons in extenso sa réflexion sur la question. Simplement édifiant, lisez plutôt !

INTRODUCTION GENERALE

Les indicateurs économiques et sociaux classent l’Afrique comme le continent le plus pauvre du monde. En effet après plusieurs décennies de développement, l’Afrique vient en dernière position concernant la mortalité enfantine, les épidémies, les conflits, la malnutrition, l’éducation, le statut de la femme, la pauvreté, la corruption, le niveau de vie, etc.

Selon le rapport de la Banque mondiale de 2016, sur les 767 millions de personnes vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté (1,95$/j), un peu plus de 50% vivaient en Afrique, soit 389 millions de personnes. Sur le plan sanitaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son  rapport annuel de 2014 faisait le constat suivant : Seuls trois objectif sur les 46 relatifs à la cible des objectifs du millénaire (OMD) à savoir réduire de ¾ entre 1990 et 2015 le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans sont complètement atteints. Les autres étant en cours de réalisation ou pas réalisés.

De plus, le continent connait une marginalisation croissante dans l’économie internationale. Par exemple, le poids de l’Afrique dans le commerce mondial est passé de 7,3% en 1948 (WTO ; 2003) à 5% en 1970 et à 2% en 2015 (CNUCED ; 2015). Le taux de croissance annuel moyen des exportations (toutes marchandises) en Afrique a été de 1,1% entre 1980 et 2000 (UNCTAD ; 2003) et la part de l’Afrique dans les exportations mondiales des produits manufacturés est toujours inférieure à 1% (UNECA ; 2017)

 Les contre-performances économiques et sociales actuelles de l’Afrique consacrent en grande partie l’échec des politiques néo-libérales ayant pour fondement le consensus de Washington[1] et qui ont été initiées par les institutions de Bretton-Woods au début des années 1980 en vue de faire sortir les pays africains au Sud du Sahara de la trappe de sous-développement. Notons en passant que l’idéologie socialiste quant à elle, s’est révélée également défaillante au début des années 1990 avec pour conséquence ultime l’effondrement du bloc socialiste.

La situation économique et sociale critique actuelle de l’Afrique risque d’être d’avantage affectée par le phénomène actuel de la mondialisation avec pour corollaire la libéralisation généralisée des échanges dont les deux traits caractéristiques sont l’uniformisation de l’espace économique mondial et l’exacerbation de la concurrence entre les nations.

Il reste à craindre que les pays africains ne perdent leur souveraineté ainsi que le pouvoir de définir leur propre destin. L’échec du néo-libéralisme ainsi que l’effondrement du socialisme reposent par conséquent avec acuité la problématique du développement des pays africains. La question qui est à l’ordre du jour est celle des alternatives.

Cette situation nous interpelle et appelle à construire une vision économique et sociale holistique et crédible à la lumière des avancées de la théorie du développement susceptible de permettre au continent africain de sortir de la trappe du sous-développement. Un tel exercice pourrait s’apparenter à la construction de la cité idéale par Platon pour la Grèce de l’antiquité au moment où celle-ci était à la croisée des chemins entre l’éthique, le politique, l’économique et le social. Pour ce faire, la présente réflexion va s’articuler autour de quatre parties.

La première partie traite des éléments de définition de l’économie et du développement.  La deuxième est consacrée aux options de développement en Afrique au début des indépendances. La troisième présente des éléments de critique des options capitaliste et socialiste du développement. La dernière partie définit les contours d’une approche de développement durable holistique pour l’Afrique.

I- Éléments de définition de l’économie et du développement

  1. De la définition de l’économie

Selon Lionel Robbins : « La science économique est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usages alternatifs. »[2] Cette définition met en relief deux réalités de base de l’économie en tant que science de la gestion de la rareté : les besoins sont illimités, les ressources sont limitées.

Le problème économique fondamental consiste donc en analyse économique à déterminer comment la société humaine s’organise pour résoudre l’adéquation entre les deux fondements   antinomiques de l’économie. Telle a été la préoccupation des sociétés humaines depuis l’antiquité. Afin de résoudre cette épineuse problématique, historiquement, deux grandes approches de la gestion de l’économie ont vu le jour à savoir l’approche libérale basée sur le marché et l’approche socialiste basée sur la planification centralisée de l’économie. Les différentes approches sus- mentionnées se fixent comme finalité ultime le développement.

b-Du concept du développement

Historiquement, le développement désigne la transformation des sociétés et véhicule l’idée de progrès. Depuis le milieu du 19e siècle, le concept a revêtu un contenu plus précis : l’amélioration de la qualité de vie des hommes. Par rapport à la croissance économique qui est un concept quantitatif, le concept du développement vise à réintroduire des dimensions plus qualitatives afin de mieux apprécier les transformations sociales et sociétales de la société.

C’est l’économiste français, François Perroux, qui a donné l’une des définitions les plus complètes du concept du développement : il définit le développement comme : « La combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population, qui la rende apte à faire croître cumulativement et durablement son produit global réel »[3]. Plus loin, il ajoute que le développement désigne : « Le changement des structures mentales et sociales qui favorisent l’entraînement mutuel de l’appareil de production et de la population au service de cette dernière »[4] .

            La prise en compte des aspects socio-culturels et de durabilité a permis à d’autres théoriciens d’intégrer de nouvelles dimensions au concept de développement. C’est ainsi que sont nés les concepts de développement durable, de développement humain, et de décroissance. Ce concept a été popularisé par le Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD). À la suite des auteurs comme  A. Sen, le PNUD  conçoit le développement comme un processus d’expansion des libertés des individus et de participation au processus de développement[5].

Le concept de développement durable est la traduction de l’expression anglaise « sustainable development ». Le mot « sustainable » dérive du latin « sustinere » qui signifie se maintenir en existence, en permanence ou à long terme. Le rapport Brundtland (1987) le définit comme un développement « qui répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »[6].  

Serge Latouche tente d’aller au-delà du concept du développement durable en prônant une société de décroissance dans la mesure où il n’est pas possible de séparer le développement même durable de la croissance. À ce propos, il note : « La société de croissance n’est pas souhaitable pour au moins trois raisons : elle engendre une montée des inégalités et les injustices, elle crée un bien-être illusoire ; elle ne suscite pas pour les « nantis » eux-mêmes une société conviviale, mais une anti-société malade de sa richesse »[7]. 

Il suggère de repenser le développement en accentuant les aspects qualitatifs des trois moments de l’activité économique que sont : la production, la distribution et la consommation. Même si le concept de développement a  été approfondi, un consensus demeure à savoir que les différents théoriciens s’accordent sur le fait qu’il doit combiner une dimension quantitative et une dimension qualitative, toutefois, les divergences restent marquées quant aux aspects idéologiques, économiques et socio-culturels sur lesquels doivent être fondés la croissance et le développement ainsi que les indicateurs de leur mesure  et  les pondérations qu’il faut leur accorder.

Les réponses à ces différentes considérations restent plurielles étant donné que les idéologies du développement et les projets de société sont pensés à travers des contextes socio-culturels et économiques historiquement déterminés. De plus, la praxis du développement suscite en permanence des réflexions critiques endogènes.

C’est ainsi qu’au regard des échecs des expériences de développement en Afrique que, Axelle Kabou (1991) se posait la question de savoir si le refus du développement était l’idéologie partagée par excellence par les Africains ou plutôt un refus  d’un développement  qui s’apparente à un diktat de l’ordre néo-colonial.

Dans le même ordre d’idées, un pays comme le Bouthan a récusé le concept du produit intérieur brut (PIB) élaboré par le PNUD comme mesure de richesse, pour lui substituer celui de bonheur intérieur brut (BNB) au contenu plus qualitatif. Le BNB en tant que indicateur de mesure comporte quatre dimensions[8] que sont : i-la dimension économie durable, ii-la dimension promotion de la culture, iii- la dimension bonne gouvernance et iv- la dimension qualité de l’environnement. Dr Kasoum ZERBO.

 

[1] Dans les années 80, il s’est dégagé un consensus reposant sur un paradigme néolibéral portant sur les problèmes de développement entre la Banque mondiale et le FMI. Les programmes d’ajustement structurel initiés au début des années 80 en Afrique au sud du Sahara avaient pour fondements théoriques ce consensus.

[2] Cité par Jean Magnan de Bornier, Introduction générale à l’analyse économique, Junon.univ-uzanne.fr/bornier/.

[3] Cité par Bernard Conte, Le Concept de développement, p.2, http://conte.u-bordeaux4.fr.

[4] Op.cit., p.2

[5] Cf. PNUD (2010), Rapport national sur le développement humain, Ouagadougou, Burkina Faso.

[6] CMED (1988), Notre avenir à tous, Éditions du Fleuve-Les publications du Québec, Montréal.

[7]  Bernard Conte, Op.cit., p.5.

[8] Ourprojecteu/index.php.

Tag(s) : #Société, #Actualité
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